• ─  Maman, tu es trop peu méfiante.
    ─  Je sais, mais quand tu vois un garçon de l'âge de mon fils mal en point, tu ne peux pas rester sans rien faire !
    ─  Tu penses qu'il est muet ?
    ─  Je ne sais pas. J'espère que non.

    J'entendais des voix parler. Il me semble qu'il s'agit de la jeune femme, Aria je crois, et de quelqu'un d'autre, mais qui ?

    ─  Cela fait quand même deux jours qu'il dort, je m'inquiète un peu pour lui ...
    ─  Ses blessures sont profondes, et j'ai la curieuse impression que ce n'est pas le seul mal en lui.

    Se doutaient-ils que je les écoutais ? Je ne pense pas. J'entre-ouvris les yeux. Il n'y avait pas beaucoup de lumière. Tant mieux, ce n'est jamais bon de voir le soleil après être resté inconscient pendant deux jours. J'ouvrais lentement les yeux. Il y avait bien la jeune femme de la dernière fois, et un jeune garçon. Je ne me souviens plus de lui ...

    ─  Enfin réveillé ?

    Ca y est, je m'en rappelle. C'est lui qui a suggéré le fait que j'étais louche.

    ─  Tu peux parler ?

    Alors que le jeune homme me toisait avec une expression méfiante, Aria me souriait, comme pour m'apaiser. Je tentais de parler, mais je ne fis que tousser. Je tentais une seconde fois, mais aucune voix ne sortit. Étais-je condamné au silence ?

    ─  Maman, tu peux trouver un stylo ? On va essayer une autre méthode. Tu sais écrire ?

    Je hochais la tête en fronçant le nez. Bien sûr que je savais écrire ! Pendant qu'ils cherchaient, j'observais les alentours. La pièce ne possédait pas beaucoup de meubles. En fait, il n'y avait qu'un lit, une petite table de chevet et une télévision reposant sur une commode en face de moi. La chambre était assez étroite. La fenêtre, à ma gauche, était couverte par un rideau. La porte de sortie était à ma droite. Aria me tendit un stylo tandis que l'autre me donna des feuilles.

    ─  Pourquoi t'étais dans cet état ?

    Dans cet état … ? De quoi voulaient-ils parler ? J'écrivais cela sur une feuille et lui montrais.

    ─  Tu étais couvert de sang, tu en crachais et tu avais une énorme blessure au niveau du diaphragme. Tu ne t'en souviens pas ?

    Des flashs de mémoire m'apparurent. La transformation, le Magmar, et le sang.. Je m'en souviens maintenant.

    ─  Pourquoi … ?

    Ma voix jaillit seule hors de moi. Elle croassait un peu, mais je pouvais au moins reparler.

    ─  Tu peux parler ? Bonne nouvelle.
    ─  Je ... Deux Pokémon m'ont attaqués. Et puis ... Ils se sont mis à s'entre-tuer sous mes yeux, et j'ai pris un coup perdu.

    Je ne dois pas leur parler de ce qui s'est réellement produit. Ils ne me croiront jamais, et il vaut mieux taire une vérité pareille.

    ─  Étrange ... Et comment t'appelles-tu ?

    Un nom. Il me faut un nom. Maintenant. Si je dis l'avoir oublié, peut-être me croiront-ils ? Non, il me faut un nom.

    ─  … Kishei. Je m'appelle Kishei.

    Kishei. C'est ce qu'une voix m'a murmuré. « Cela veut dire Piégé. » Je pus presque entendre un rire. Je ne sais pas ce qui s'amusait avec moi, mais j'allais lui faire regretter si je le trouvais.

    ─  Enchantée Kishei. Je me nomme Aria, et voici mon fils, Narlizu.

    Je les regardais à tour de rôle. Aria possédait des yeux bleus pâles. Ses cheveux châtains étaient attachés en une queue de Ponyta. Elle ne semblait pas très grande. Narlizu, quant à lui, possédait des yeux bleus polaires remarquables. Cependant, je ne ressentait aucun sentiment en eux, comme si leur chaleur s'était évaporé dans l'air glacial de l'hiver qui s'annonçait. Ses cheveux noirs comme l'ébène retombaient tranquillement autour de son visage semblable à de la porcelaine. Il portait des habits basiques ainsi qu'une écharpe.

    ─  Pourrais-je avoir un miroir s'il vous plaît ?

    Je ne sais même pas à quoi je ressemble. Pourtant, chaque humain connaît son apparence charnelle, non ? Alors, pourquoi l'avais-je oubliée ? Aria me tendit un miroir de poche, et je l'attrapais avec reconnaissance avant de me regarder. J'avais des yeux verts émeraudes qui transcendaient avec mes cheveux noirs comme l'encre. Ces deniers n'étaient pas bien long, ils devaient m'arriver au bas du cou. Je me fixais, l'air perdu.

    ─  Quelque chose ne va pas ?

    Aria et Narlizu me regardaient avec un air inquiet.

    ─  Je ... Ce corps ... Ce n'est pas le mien, et pourtant.. Pourtant, je suis là, n'est-ce pas ? N'est-ce pas ?!


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