• Ecrits divers.

    Sans lien avec le reste.

    Textes écrits pour la plupart la nuit, bien souvent des OS.

    Dans le cas contraire, il y aurait un [1/?].

  • Là. Il était là. Juste devant moi. J'avais longuement imaginé cette rencontre. J'imaginais énormément de scénarios différents. Avec des émotions différentes. Et des gestes différents. Mais je n'avais jamais imaginé que la première émotion que je ressentirais serait une peur glaciale.

     

    Oui, j'avais peur de lui. C'était stupide. Son apparence était banale. Des cheveux châtains clairs encadraient son visage. Deux mèches étaient plus longues devant et se balançaient doucement avec la petite brise qui soufflait. Sa peau était pâle. Même ses lèvres fines et ses joues s'étaient teints de cette pâleur maladive. Sa gorge était camouflée par une épaisse écharpe blanche. Il ne portait qu'une polaire noire qui contrastait avec son être tout entier. Ses chaussures aussi étaient noires. Son pantalon était des plus simples, un jean bleu délavé comme on peut en trouver partout. Ce n'était pas ça qui m'avait figé.

     

    Non, ce qui m'avait cloué au sol, c'était ses yeux. Comme nous étions assez proches, je pouvais les détailler sans peine. Ils étaient … Beaux. Non, c'est un bien faible mot pour les décrire. Ils étaient sublimes. Leur iris était bleu. Un bleu assez terne, mélangé à du gris. Des striures dorées imparfaites partaient du bord bleu foncé de ces iris pour venir former un cercle autour de la pupille. Si l'on ne voyait que l'aspect physique, ses yeux étaient sublimes. Mais j'ai toujours appris à voir au delà du physique. Et ce que j'y voyais me terrifiait.

     

    Il avait ce genre de regard avec lequel on pourrait penser qu'il lit dans votre âme comme dans un livre ouvert. Il me fixait sans ciller. Il ne me craignait pas, sans pour autant me mépriser. A vrai dire, ses yeux paraissaient vides. Vides de tous sentiments, comme si toute trace de chaleur s'était envolée dans l'hiver glacial qui nous entourait à présent. Il semblait être lassé de ce que la vie lui offrait. Pourtant, je peux vous assurer qu'il était jeune.

     

    En voyant que je ne bougeais pas, sa tête a légèrement vacillé sur sa gauche. Puis, ce qu'il a fait m'a glacé le sang. Il a sourit. Mais ce n'était pas un sourire chaleureux, loin de là. Il arborait désormais un immense sourire malsain, découvrant ses dents qui semblaient relativement pointues. Même ses yeux, autrefois las, brillaient d'un éclat terrifiant. Il n'avait eu besoin d'aucun mot pour m'imposer le silence, ou faire appel à une si grande peur que je doutais de pouvoir dormir cette nuit.

     

    Il ressemblait presque à un démon ainsi. Sa main droite, auparavant rangée dans sa poche, s'était lentement élevée pour venir se poser sur ma joue. Son contact était insupportable. Il était à la fois doux et aussi froid que l'hiver. Je la ressentais, cette peur qui m'indiquait un danger imminent. Mais j'étais figé sur place. Il s'est encore rapproché, ne laissant entre nos deux corps qu'une distance infime. Je voulais bouger, courir, ou même détourner le regard. J'en étais incapable.

     

    Ses yeux m'hypnotisaient, tandis que son sourire s'agrandissait encore. Je la voyais, maintenant, cette étincelle de Folie qui dansait dans ses yeux. Sa main descendit lentement sur ma gorge pour la saisir doucement. Je ne sais comment j'ai trouvé la force d'ouvrir la bouche pour lui demander d'une voix étranglée par la peur de me lâcher. Au lieu de ça, il m'a lentement attiré à lui, rapprochant son visage du mien. Il a arrêté sa bouche au niveau de mon oreille pour me murmurer doucement ces mots.

     

    « Tu sais, n'est-ce pas ? »

     

    Sa voix était belle, elle aussi. Elle m'avait semblé un tant soit peu cristalline. Mais en même temps, elle ne faisait qu'accentuer cette impression de malaise qui ne me quittait pas. J'étais incapable de faire quoique ce soit. J'étais totalement à sa merci. Alors que je m'étais toujours considéré comme une personne ne craignant rien ni personne, j'étais tétanisé par sa simple présence.

     

    « Ne t'inquiète pas, ça va aller … Après tout, tu sais qui je suis. »

     

    Il n'avait toujours pas retiré sa main de ma gorge. Pourtant, il ne m'attaquait pas. Elle était juste posée dessus. Lentement, il recula sans pour autant me quitter des yeux. Un vertige m'assaillit avant que le noir ne vint obstruer ma vision. Lorsque j'ouvris les yeux, j'étais chez moi. Dans mon lit. Je regardais autour de moi. Mais il n'y avait rien de notable. Je ne pus retenir un soupir. Je refermai les yeux dans l'optique de me rendormir mais une immense douleur à la tête me fit rouvrir les yeux. Elle cessa instantanément suite à cela. Je me levai. En regardant mes pieds, j'eus une impression étrange. Comme si quelque chose clochait. Je portai mes mains devant mes yeux. Je les reconnaissais sans les connaître. C'était une sensation très dérangeante pour tout avouer.

     

    Lorsque j'étais parti en silence dans la salle de bain, je n'avais pas allumé la lumière. Je me repérais aisément dans le noir. Je bus un peu avant de relever la tête. Il était là. Je sursautais. Ses yeux semblaient tout aussi ternes qu'avant. Je m'approchais de lui cette fois. Il fit de même. Nous étions vraiment très proches quand j'ai remarqué quelque chose. Ses lèvres s'étaient à nouveau étirées en un sourire malsain. Le problème, c'est que je faisais de même.

     

    « Oui, je sais. Je sais que tu me guettes. Je sais aussi ce que tu cherches.

    Et tu sais quoi ? Je frémis d'excitation quand je repense à la peur que tu m'inspirais il y a quelques années.

    Alors je te propose un marché. Tu me permets de revoir cela, mais sur une autre personne que moi-même et pas dans mes rêves..
    Et en échange, je te cède mon contrôle quand j'aurai ma vingtaine. »

     

    Je tiens toujours mes promesses. Et lui aussi.

     


    10 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique