• Deux jours. Cela fait maintenant deux jours que nous avons battu Devon, le Champion de Superior-City. Je ne me rappelle pas bien de la fin de ce combat, mais je peux affirmer que le Champion était dans un sale état. J'ai demandé à Narlizu, au Lucario et eux non plus ne se souviennent pas de pourquoi il est couvert de blessures. Nous sommes désormais bloqués ici. Nous avons besoin d'informations. Alors nous restons, attendant le réveil de Devon. Car oui, j'ai sûrement oublié de le préciser, mais la gravité de ses blessures l'a fait sombrer dans l'inconscience. Une main me tapotant l'épaule me fit revenir à la réalité. Je levais les yeux pour tomber nez à nez avec une femme aux cheveux roses. L'une des nombreuses infirmières Joëlle. D'ailleurs, je trouve cela étrange qu'elles se ressemblent toutes autant.

    ─ Qu'y a-t-il ?
    ─ Le patient pour lequel vous attendez vient de se réveiller. Voulez-vous le rencontrer ?
    ─ Demandez-lui s'il est d'accord pour me recevoir, je ne tiens pas à le déranger.

    La jeune femme acquiesça et disparut dans la salle. Je restais là, à attendre. Narlizu était sûrement un peu plus loin, mais je ne vais pas aller le voir. J'ai besoin de réponses sur ma propre existence. Je ne tiens pas à l'impliquer davantage dans cette quête. L'infirmière Joëlle ressortit.

    ─ Il accepte de vous recevoir.
    ─ Très bien, merci.

    Je me levais de la chaise que j'occupais depuis un petit bout de temps maintenant et entrait dans la chambre du Champion. Ses cheveux bruns, autrefois ébouriffés étaient désormais autour de son visage, parfaitement ordonnés. Ses yeux marrons reflétaient une grande fatigue, mais aussi une volonté de fer. Amusant. Je refermais la porte et m'approchais de lui, le toisant avec méfiance.

    ─ Pas la peine de me faire ce genre de regard petit, je suis déjà vaincu et hors d'état de nuire. Venons-en aux faits, pourquoi tu tenais à me voir ?
    ─ Vous n'aviez pas l'air surpris de constater ma transformation lors du combat. Puis-je savoir pourquoi ?

    Un petit rire narquois lui échappa.

    ─ C'est marrant, à te voir, on dirait que tu rêves de m'étrangler mais tu restes poli. Bah, ce n'est pas le sujet. Je vais te dire une chose : Je ne révélerais jamais ce que je sais, ni de qui je tiens cela, peu importe ce qu'il m'arrivera.
    ─ Je vois. Dans ce cas, je n'ai plus rien à faire ici.
    ─ Par contre, je vais te dire un truc gamin. Je suis peut-être le premier, mais je serais jamais le dernier à tenter de te supprimer.

    Je fixais un instant Devon avant de lâcher un « Tch. » agacé. Je sortais de la pièce et me dirigeais vers l'extérieur. Par chance, je trouvais rapidement celui que je cherchais. Narlizu discutait avec l'infirmière Joëlle. Elle tourna la tête vers moi et me désigna. Il me cherchait, lui aussi … Mon ami alla vers moi.

    ─ Alors, il a parlé ?
    ─ Il a dit qu'il révélerait rien, peu importe ce qui lui arrivera. Il refuse de dire quoi que ce soit, même le pourquoi il est dans cet état.
    ─ Oh … Dommage.
    ─ On peut s'en aller d'ici ? Je ne supporte plus cette ville.

    Narlizu acquiesça. Nous sortîmes du bâtiment. Nous allions sortir, mais une voix nous retint.

    ─ Attendez un instant !

    Nous nous retournâmes, intrigué. Le Lucario se tenait derrière nous.

    ─ Je voudrais vous remercier. Je n'ai pas eu l'occasion de le faire avant.
    ─ Ce n'est rien, vraiment.

    Ah, Narlizu, toujours le même. Mais, lorsque nous découvrirons cette vérité éphémère, changera-t-il ? Je comprends. Je dois faire attention à lui. Je ne veux pas qu'il change, je ne veux pas briser une innocence pour mes histoires. Le Lucario me regardait en coin alors qu'il parlait avec Narlizu. Je fis un léger signe de tête, qu'il me rendit. Nos routes se séparaient là.

    ─ Hé. Si jamais les choses se passent mal, pourrons-nous revenir ici ?

    Le Pokémon sourit doucement.

    ─ Pourquoi ne pourriez-vous pas ?

    Je souris un peu à mon tour. Je ne savais pas ce que l'avenir nous réservait, mais les paroles de Devon m'inquiétaient. Il avait sûrement dû être prévenu par une force contre laquelle je ne peux pas encore m'opposer, comme la Ligue. Mais comment cette dernière serait-elle au courant ?

    ─ Merci.
    ─ Ce n'est rien. A présent, vous devriez vous hâter avant que la nuit ne tombe.

    Narlizu et moi remercièrent encore une fois le Lucario. Tout cela me laisse un goût étrange. Comme si tout était trop parfait. Bah, ce doit être moi qui psychote. Nous sortîmes de la ville.

    ─ Kishei ?

    La voix de mon compagnon me fit tourner la tête. Sa voix était emplie de doutes.

    ─ Qu'y a-t-il ?
    ─ Si tu découvrais une information capitale sur ton identité ou quoi que ce soit d'autre … Tu m'en ferais part, pas vrai ?

    Je fronçais légèrement les sourcils. Qu'est-ce qui lui prenait ? Cette question était bien trop étrange pour qu'il y ai pensé tout seul. Quelqu'un avait dû lui parler. Je lui souris néanmoins, cachant mes réflexions.

    ─ Bien sûr ! Nous ne sommes pas amis pour rien.

    Son air soulagé m'apprit qu'il me croyait. Avec une seule phrase, il m'a cru. Il a une énorme confiance en moi. Je ne comprends pas vraiment pourquoi. Qui ferait confiance à un humain qui peut se transformer en Absol ? C'est peut-être parce que je lui ai sauvé la vie à plusieurs reprises … Je tournais la tête vers le soleil.

    ─ On devrait se dépêcher à présent, si l'on ne veut pas être surpris par la nuit.
    ─ Tu as raison. En route !

    Il ressemblait presque à un enfant … Pourquoi m'a-t-il proposé son aide ? Il n'a rien à faire dans cette quête qui se terminera sûrement mal. Mais maintenant, il est trop tard pour revenir en arrière. Nous avancions sur la route de bon train. Plongé dans mes pensées, je ne remarquais pas l'étrange personnage qui nous observait.

    ─ … Kishei ?

    Un chuchotement me tira de mes rêveries. Je tournais la tête vers Narlizu, puis dans la direction qu'il regardait. Un homme qui semblait être dans la quarantaine nous fixait. Ses cheveux courts étaient bleu électriques et dressés au-dessus de sa tête. Il était habillé d'une drôle de façon. On aurait presque dit un uniforme. Il s'approcha et me dévisagea. Je le fixais d'un regard méfiant, scrutant ses yeux aussi bleus que ses cheveux.

    ─ Je peux savoir pourquoi vous me regardez comme ça ?

    Mon ton était devenu agressif. En même temps, quand un type étrange se met à vous dévisagez et que vous avez horreur d'être regardé de près, vous ne pouvez pas être très chaleureux.

    ─ Ah ! Pardonne-moi, je ne voulais pas être impoli. C'est juste que … Tu me rappelles quelqu'un. Quelqu'un que j'ai connu.
    ─ … Disons que ce n'est pas si grave.
    ─ C'est une belle région non ? On la dit être un refuge pour les Légendes. Mais prends garde. Ne soit pas corrompu par leurs promesses et leurs douces paroles.

    Ce type est vraiment très étrange. Il regarda Narlizu, ne se préoccupant plus de moi.

    ─ Toi aussi, tu me rappelles quelqu'un. Si tu es celui que je pense … Non, oublie. Tu dois déjà avoir assez de soucis pour que je n'en rajoute. Passez une bonne journée.

    L'homme se détourna et lança une PokéBall en l'air. Un flash lumineux m'aveugla et le temps que je rouvre les yeux, il avait disparu. Sans doute avait-il utilisé la capacité Vol.

    ─ Quel type étrange … Tu l'as déjà vu toi ?

    Narlizu sembla réfléchir un instant.

    ─ Non, il ne me rappelle rien. Mais pourquoi a-t-il dit que j'avais déjà assez de soucis ?
    ─ Qui sait ? Il dit que je lui rappelle quelqu'un. Peut-être que ç'a un lien.

    Je haussais les épaules. Après tout, cela importait peu. Il n'était pas un ennemi – du moins, pas encore –, alors pourquoi se soucier de lui ? Nous reprîmes la route en silence. J'étais de nouveau plongé dans mes pensées. Cette fois, ce fut des cris d'enfants qui me tirèrent de mon monde. Enfin, des cris … Ce n'était pas des appels à l'aide, juste des mômes qui braillaient pour une quelconque raison. Je pus apercevoir une maison sur le côté de la route. Un vieil homme était entouré d'enfants et de Pokémon, pendant qu'une femme assez âgée s'occupait d'un petit Evoli endormi. Une Pension Pokémon.

    ─ Psst, Kishei.
    ─ Quoi ?
    ─ Je suis sûr que t'as envie de te transformer en Absol pour y aller, huh ?
    ─ Que … Alors toi, tu paies rien pour attendre.

    Narlizu éclata de rire. Un rire enfantin. Je souris un peu. Je n'avais nullement envie d'aller à la rencontre de ces personnes. Mais la façon dont mon compagnon me l'avait suggéré était assez risible. Nous continuèrent notre route en silence. Je n'aimais pas beaucoup parler en fait. Les paroles de Devon me revenaient sans cesse en tête. En réalité, j'étais entouré d'ennemis. La seule personne sur laquelle j'allais pouvoir compter était moi-même. Je n'ai pas le droit d'impliquer Narlizu plus que ça dans cette histoire.

    *   *   *


    ─ Gideon ?
    ─ Oui ? Qu'y a-t-il ?
    ─ J'ai gagné leur confiance. Ils se dirigent vers ton Arène. Sois prudent. Devon n'a pas pu les stopper.
    ─ Ne t'inquiètes pas, je les attends de pied ferme.
    ─ Evite de tuer celui qui se transforme. Le Chef le veut vivant. L'autre, il n'est pas important.

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